Poésies d'un Lorialet

Poésies d'un  Lorialet

Devant chaque vitrine.

 

Je dessine ma fougue aux murs des quatre vents

Et m’éclipse sans fin sous la lune flambée,

J’ai gravé sur mon corps, aux encres des couchants,

 L’étrange floraison, la rose ensanglantée,

Le cadavre figé d’une ancienne vertu,
Et le sourire froid de cet aigle de marbre,

Sur la tombe sans nom, du poète inconnu,

 Animée aux reflets des ombres d’un vieil arbre.

Devant chaque vitrine, 

Me vient âme chagrine.

 

J’ai tant rêvé de nuit et souffert du matin,

Sur des draps émeris, d’une infâme paillasse,

Que me prit en pitié, une belle catin,

Qui, delà chair blessée, avait cœur en mélasse.

L’entre jambe meurtrie, elle avait dans les yeux,

la tendresse du monde et le cœur d’une mère,

Mais que vaut pauvre femme en ce monde d’affreux.

Tout se vend et s’achète, en ce temps de calvaire.

Devant chaque vitrine, 

Me vient âme chagrine.

 

Je fus si jeune alors, fortement démuni

Et un peu lâche aussi, je n’avais point de hargne.

Du silence d’alors, je fus bien abruti,

Le regret au futur, jamais, ne nous épargne.

J’ai douleur du passé et de mon manquement,

De l’humain j’ai la honte et aussi de moi-même.

Tout reste bien gravé, le pire et le tourment,

Et nulle action d’éclat ne supprime la peine.

Devant chaque vitrine, 

Me vient âme chagrine.

 

Un vieux port quelque part, un bateau qui s’en va,

L’air marin se mêlant à l’horrible gazole

Nous sommes galériens et aussi des forçats,

Tel un danseur têtu en quelque farandole.

Son image me reste et son corps ambigu.

Nous ramons, nous ramons, sur des mers de sargasses.

Enfin, nous finissons, comme un ange… déçu.

Et qu’importe oraison sur nos pauvres carcasses.

Devant chaque vitrine, 

Me vient âme chagrine.



18/06/2022
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