Ballade de Don Juan.
“La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres”
(Stéphane Mallarmé)
Corneille l’eut dit, à jeune Marquise,
Sourire perdu, quand viennent les maux.
Triste que le temps, qu’en heures, s’épuise.
Pire, sans amour, nous laisse sans mot,
Perdus et perclus, alangui Pierrot,
Je revois pourtant, printemps éraflés.
J’ai couru l’été, je suis essoufflé,
Comme feu éteint, je n’ai plus de flamme
et le corps meurtri, visage fripé.
À diable tenté, j’en ai perdu l’âme !
Tant rêves figés et tant vantardises,
Je courais par mont, mais n’étais que veau.
Sage, jamais fus, en mes paillardises.
Volage sans peur, je me croyais beau,
Fantasque Arlequin, je fus un peu sot.
Il faudrait mourir, quand on a aimé
Pour ne point faillir et tout clairsemer.
Je n’ai point tout lu, mais j’aimais les femmes
Et puis leur parfum, j’en fus envouté.
À diable tenté, j’en ai perdu l’âme !
Sous le poids des ans, chacun se dégrise
Et cœur partagé se voit en morceau
Et tant mal aimé. Par ses couardises,
Il s’est décharné, n’a plus de repos.
Comme vieux débris, sur le fil de l’eau.
Vous fûtes l’amour, j’étais affamé.
À vos souvenirs me suis enchainé,
Autant du plaisir, que des pauvres drames.
Je souffre de vous, et de nos passés.
À diable tenté, j’en ai perdu l’âme !
Qui, mène son spleen, sous l’hiver glacé
Se traine, pantin, vers sa mort infâme.
Mais qu’importe enfer, puisque j’ai aimé.
À diable tenté, j’en ai perdu l’âme !
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