Poésies d'un Lorialet

Le paon (Guillaume Apollinaire)

En faisant la roue, cet oiseau,

Dont le pennage traîne à terre,

Apparaît encore plus beau,

Mais se découvre le derrière.

Un scandale au château, outrée est la baronne,

Quelqu’un lors du repas, quelqu’un a fait un vent !

Serait-ce vous, Germaine ou bien serait-ce Yvonne ?

Il fut bien silencieux, mais quelle odeur, pourtant !

Oh,  que nenni, vraiment ! Je ne suis point en faute !

Ce fut ce pékinois, assis sur mes genoux

Et que m’avait confié monsieur de Chiquenaude.

Mais point de moi ce pet ! Je n’encours nul courroux !

Ici ! Dans ce salon ! Un air de porcherie !

Mais comment ! Vile odeur en ce lieu de biens nés !

Plus odieux que vestiaire en la triste curie

Quand les enfants de chœur se changent avant messes

Dit le pauvre curé, un mouchoir sur le nez

Mais hélas, même paon, sont trahis par leurs fesses.