Les orgues de barbarie.
Comme un vaisseau de feu, sur un fleuve de glace,
Me consume l'espoir, tel antique guerrier,
Héros en marbre noir, au milieu d'une place,
Rêveur de l'incertain, immobile, figé,
Et qui regarde au loin sa bataille perdue,
Ses amours, ses échecs, ses gerçures de cœur,
Sur une branche d'if, son enfance pendue,
Pour la conformité et prouver sa valeur.
Vous aimez, vous aimez, mais voyez ce grillage,
Vous êtes surveillés et tout est codifié.
Tout objet de beauté est sujet d’un pillage.
Ici, qui fut forêt, devient parc atrophié.
Le béton a rongé, des racines, la sève
Et des peuples, soumis, la moindre liberté.
En ville, somme clos et détaché du rêve,
Le monde et ses lueurs, tout cela déserté.
Nous étions pourtant faits, pour cette aube de lune,
Qui, entre nuit et jour, s’enivre en passion.
Quand toutes roses n’ont qu’épines d’infortune,
Nous n’aimons qu’à douleur, par delà la raison.
Faible, reste Vénus à l’ire d’une Parque.
Sur les plus calmes mers se retrouvent brisants,
Qui déchirent souvent, autant rames que barque
Et gisent bien profond tant de serments d’amants.
Qui tremble et qui gémit, du fond de la conscience,
Quand un voile malsain occulte nos esprits.
Qui nous dit quoi, comment, au nom de quelle errance,
Si l’autre est ignoré ou suscite mépris ?
Et pourtant, et pourtant, tous d'une même terre,
nous vivons et mourons dans l'enfer des nations,
Séparés et parqués, mais révolte se terre.
Si semblables, errants, mêmes os blanchiront.
Écrasés, malmenés, même si âme forte,
Chaque mère partout porte enfant à douleur.
Dès qu'un orage vient et que nul réconforte,
Tous, d’une même chair, subissons même peur.
De la vie et l'amour, mais aussi d'empathie,
Nous sommes démunis au nom de nos drapeaux.
Les misères du temps n'entrainent qu'apathie
Malgré le concerto des orgues des caveaux.
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