Poésies d'un Lorialet

J'avais tout perdu, barque, rames,

Et je m'enlisais en cette eau

Aux saveurs de sang et de drames,

Sa froideur me givrait la peau.

je vis alors, tristes visages,

Tous engloutis, d'anciens marins,

Et qui criaient du fond des âges,

La rancœur triste des destins.

Puis je reviens à la surface

Un goût de sel, aussi des morts,

Sur mes lèvres et sur ma face.

Un ressac transporta mon corps.

Sur un rocher près de la rive.

Anciens, dites-moi ces secrets, 

Qui, sous les eaux calmes, dérive,

Que le temps grave sur le grès,

Et que chantent parfois les vagues

De nuit et d'étranges marrées

Je garderai souvenirs vagues,

De ces légendes amarrées.

À cette mer de pleurs et larmes,

À ses spectrales lancinantes,

Qui déchirent comme des lames,

Mon rêve nocturne et me hantent.