Les arlequins
Regardez ces maudits, dès le soir, enclavés !
Leurs ongles sont usés à gratter sur les murs
De l’horreur et du rêve et leurs yeux délavés,
Par une fièvre intense observent les ratures,
D’un monde en perdition où ne règne que peur.
Ils sont nés d’un nuage ou d’une vieille étoile,
Et s'écartent du siècle, englués de fureur.
Ils se damnent souvent, sur la page ou la toile,
Pour un chant, un poème ou pour peindre un tourment,
Un amour, un miroir, une ville battante,
un parc en floraison, une barque, un étang.
Parfois, l’un, attablé sur la table branlante,
D’un café, d’un bordel, d’une pauvre mansarde,
Embrassera la page avec des mots de feu,
Forgés du fond du cœur quand son âme musarde.
Des diamants de pavé, dans l’impasse où il pleut,
Miroitent doucement aux reflets de la lune.
La nuit, la pluie et seul, passe un triste Arlequin
Pantin de la chimère, enfant né de la brune,
Il poursuit son fantasme et se perd en chemin.
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